Le Monstrologue

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Overview

La peur est parfois notre seule amie.
" Voici les secrets que j'ai gardés. La confiance que je n'ai jamais trahie. Mais cela fait aujourd'hui plus de quatre-vingt-dix ans qu'est mort celui qui m'a accordé sa confiance, celui dont j'ai conservé les secrets. Celui qui m'a sauvé... et aussi condamné. '
Ainsi commence le journal de Will Henry, jeune apprenti auprès d'un docteur à la spécialité des plus inhabituelles : la chasse aux monstres. Au fil des années passées à ses côtés, Will s'est accoutumé aux visites nocturnes et aux missions périlleuses. Mais lorsqu'une nuit, un pilleur de tombes leur apporte une trouvaille particulièrement macabre, Will et son maître se retrouvent embarqués dans une vertigineuse descente au coeur de l'horreur...
L'auteur de la série best-seller La 5e Vague revient avec quatre tomes d'épouvante : âmes sensibles s'abstenir !


Product Details

ISBN-13: 9782221198841
Publisher: Groupe Robert Laffont
Publication date: 01/19/2017
Sold by: EDITIS - EBKS
Format: eBook
Pages: 302
File size: 2 MB
Language: French

About the Author

About The Author

Originaire de Floride, Rick Yancey est diplômé de l'université Roosevelt à Chicago. Titulaire d'un mastère de littérature anglaise, il travaillera quelques années comme inspecteur des impôts, avant de décider que son diplôme lui serait plus utile s'il se consacrait à l'écriture à plein temps – ce qui lui réussit depuis 2004. Auteur de romans pour adultes et jeunes adultes, Rick Yancey a été récompensé par de nombreux prix prestigieux, dont le Michael L. Printz Honor et le Carnegie Medal. Lorsqu'il n'écrit pas, ne réfléchit pas à de nouvelles histoires, ou n'est pas en tournée dans plusieurs grandes villes des États-Unis pour parler de ses livres, Rick consacre son temps à sa famille en Floride. Portée au grand écran, sa trilogie La 5e Vague a révélé au grand public ses talents de conteur hors pair que l'on retrouve dans sa tétralogie Le Monstrologue.

Read an Excerpt

Le Monstrologue


By William James Henry, Rick Yancey, Francine Deroyan

Robert Laffont

Copyright © 2009 Rick Yancey
All rights reserved.
ISBN: 978-2-221-19884-1


CHAPTER 1

UN

Une singulière curiosité


Voici les secrets que j'ai gardés. La confiance que je n'ai jamais trahie.

Mais cela fait aujourd'hui plus de quatre-vingt-dix ans qu'est mort celui qui m'a accordé sa confiance, celui dont j'ai conservé les secrets.

Celui qui m'a sauvé ... et qui m'a condamné.

Je n'ai aucun souvenir de mon petit déjeuner de ce matin-là, mais je me rappelle avec une clarté cauchemardesque cette nuit du printemps 1888, quand il surgit près de mon lit, les cheveux en bataille, les yeux écarquillés, ses traits finement ciselés, auxquels j'étais hélas désormais habitué, éclairés par la lueur de sa lampe à pétrole.

— Lève-toi, Will Henry! Et dépêche-toi! dit-il d'un ton pressé. Nous avons un visiteur.

— Un visiteur? murmurai-je, peinant à m'éveiller. Mais quelle heure est-il?

— Un peu plus d'une heure. Vite! Habille-toi, et viens me rejoindre à la porte de derrière. Allez, du nerf!

Il quitta ma modeste alcôve, toute lumière disparaissant avec lui. Je m'habillai dans le noir et, en chaussettes, je descendis l'échelle tout en posant sur mon crâne un chapeau de feutre un peu trop petit pour moi. J'avais douze ans, et ce chapeau m'était précieux, car c'était tout ce qui me restait de ma vie d'avant mon emménagement chez lui.

Il avait allumé les brûleurs à gaz dans le couloir de l'étage supérieur, mais, au rez-de-chaussée, une seule lumière éclairait la cuisine à l'arrière de la vieille maison où nous ne vivions que tous les deux, sans le moindre domestique pour nous aider. Le docteur était un homme discret, qui s'occupait de choses étranges et dangereuses, et ne pouvait se permettre la curiosité et les ragots du personnel. Quand la poussière et la saleté devenaient insupportables, environ tous les trois mois, il me tendait un seau et un chiffon et m'enjoignait de nettoyer avant que la marée des ordures nous engloutisse.

Je me dirigeai vers la lueur de la cuisine. Dans ma précipitation, j'avais carrément oublié mes chaussures. Depuis l'année précédente, où j'étais venu vivre avec lui, ce n'était pas la première fois que nous avions droit à une visite nocturne. Le docteur en recevait de nombreuses aux premières heures matinales, bien plus que je ne me le rappelle, mais il ne s'agissait jamais de banales rencontres de voisinage. Comme je l'ai déjà mentionné, il s'occupait d'affaires bizarres et dangereuses, et ses visiteurs l'étaient tout autant.

Celui de cette nuit-là se tenait dans l'allée qui menait à la porte de derrière. Il avait une silhouette dégingandée, squelettique, dont l'ombre s'étirait comme un spectre sur les pavés luisants de pluie. Son visage était caché par le large bord de son chapeau de paille, je voyais pourtant ses articulations noueuses dépasser de ses manches élimées, ainsi que ses chevilles, du même acabit, sous le bas de son pantalon miteux. Derrière le vieil homme, un canasson épuisé trépignait, renâclant à intervalles réguliers. Et derrière le cheval, à peine visible dans la brume, se trouvait le chariot avec son insolite cargaison enveloppée dans plusieurs couches de toile de jute.

Tandis que j'approchais de la porte, je vis que le docteur s'efforçait de rassurer le vieil homme. Il avait même posé une main réconfortante sur son épaule. Visiblement, notre visiteur était paniqué. Il avait fait tout ce qu'il fallait, lui assurait le docteur. À partir de maintenant, lui-même prenait les choses en charge. Et tout irait bien. Le pauvre vieux bougre hochait la tête aux propos du docteur. Son chapeau de paille lui glissait dans le cou.

— C'est un crime! Un crime contre nature! cria-t-il néanmoins à un certain moment de la conversation. Je n'aurais pas dû la ramasser. J'aurais mieux fait de la recouvrir pour la laisser aux soins de Dieu!

— Je ne prends aucune position sur la théologie, Erasmus, répondit le docteur. Je suis un scientifique. Mais ne sommes-nous pas Ses instruments? Dans ce cas, c'est Dieu qui vous a conduit jusqu'à elle, puis vous a guidé jusqu'à ma porte.

— Alors, vous n'allez pas me dénoncer? demanda le vieil homme, en jetant un coup d'œil au docteur.

— Votre secret sera autant en sécurité avec moi, que le mien avec vous, comme je l'espère. Ah! Voici Will Henry. Eh bien, petit, où sont tes chaussures?

Je me retournai aussitôt pour aller les chercher.

— Non, non! s'exclama-t-il. Trop tard. J'ai besoin que tu prépares mon laboratoire.

— Oui, docteur, répondis-je avec dévouement, avant de me détourner pour la seconde fois.

— Et mets de l'eau à chauffer. La nuit va être longue.

— Oui, monsieur.

— Et trouve mes bottes, Will Henry.

— Bien sûr, monsieur.

J'hésitai, pressentant un quatrième ordre. Le vieil homme, du nom d'Erasmus, me fixait.

— Eh bien, qu'attends-tu? s'enquit le docteur. Du nerf, Will Henry!

— Oui, monsieur. Tout de suite, monsieur!

Je les abandonnai dans l'allée et, tandis que je me précipitais vers la cuisine, j'entendis le vieil homme demander:

— C'est votre fils?

— Mon assistant.

Je mis l'eau à chauffer et descendis au sous-sol. J'allumai les lampes et sortis les instruments. (J'ignorais desquels il aurait précisément besoin, mais je soupçonnais fort que la livraison d'Erasmus n'était pas vivante – je n'avais entendu aucun bruit en provenance du chariot, et il ne semblait pas y avoir d'urgence à transporter ledit chargement à l'intérieur ... c'était peut-être plus l'espoir que le soupçon qui m'amenait à raisonner ainsi.) Je pris une blouse propre dans le placard et fouillai sous l'escalier pour récupérer les bottes en caoutchouc du docteur. Elles ne s'y trouvaient pas, et durant un moment je restai planté à côté de la table d'examen, paniqué. Je les avais nettoyées la semaine précédente, et j'étais sûr de les avoir rangées sous l'escalier. Où diable étaient ces bottes? De la cuisine me parvenait le bruit des pas des deux hommes. Il allait arriver, et j'avais égaré ses bottes!

Je les remarquai juste au moment où le docteur et Erasmus commençaient à descendre l'escalier. Elles étaient à côté de la table de travail, là où je les avais placées. Pourquoi les avais-je rangées là? Je les posai à côté du tabouret, et j'attendis, le cœur battant. Le soussol était glacial, il y faisait facilement dix degrés de moins que dans le reste de la maison, et ce tout au long de l'année.

Le chargement, toujours soigneusement emballé dans la toile de jute, semblait lourd: les deux hommes ployaient sous l'effort et descendaient très lentement. À un certain moment, Erasmus poussa un cri et réclama une pause. Ils s'arrêtèrent à cinq marches du bas, je notai alors que le docteur était agacé par ce délai. Il était impatient de déballer son nouveau trophée.

Ils posèrent ensuite leur fardeau sur la table d'examen. Le docteur guida le vieil homme vers le tabouret. Erasmus s'y laissa tomber, retira son chapeau et s'essuya le front avec un mouchoir sale. Notre visiteur tremblait avec violence. À la lueur de la pièce, je remarquai que tout chez lui était aussi sale que son mouchoir: de ses chaussures maculées de boue à ses ongles cassés, noircis de crasse, en passant par son visage criblé de rides. Je sentais l'arôme riche et glaiseux de la terre humide émaner de lui.

— Un crime! murmura-t-il. Un crime!

— Oui, voler des cadavres dans des tombes est un crime, répliqua le docteur. Un vrai crime, Erasmus. Punissable d'une amende de mille dollars et de cinq ans de travaux forcés.

Il haussa les épaules et me fit signe de lui apporter ses bottes.

— Nous sommes complices, maintenant, Erasmus. Vous devez me faire confiance, et je dois vous faire confiance. Will Henry, où est mon thé?

Je grimpai l'escalier à toute allure. Dans la cave, le vieil homme s'adressait au docteur:

— J'ai une famille à nourrir. Ma femme est toujours très malade ; elle a besoin de médicaments. Moi, je n'arrive pas à trouver de travail, et, de toute façon, les morts n'ont pas besoin de leur or ni de leurs bijoux.

Ils avaient laissé la porte à l'arrière de la maison ouverte. Je la fermai, et tirai le verrou, mais pas avant d'avoir vérifié l'allée. Je ne remarquai rien d'autre que le brouillard, qui s'était épaissi, et le cheval, dont les grands yeux tristes semblaient m'implorer.

Tout en préparant le thé, j'entendais les voix d'en bas: celle, haut perchée, d'Erasmus à demi hystérique, et celle du docteur, plus basse, dans laquelle perçait néanmoins une note d'impatience. À coup sûr, il avait hâte de déballer le paquet contre nature du vieil homme. Sans mes chaussures, j'avais les pieds glacés, mais je faisais de mon mieux pour ignorer cet inconvénient. Je déposai sur le plateau un petit pot de crème, du sucre et deux tasses. Même si le docteur n'en avait réclamé qu'une, il me semblait évident qu'Erasmus avait besoin d'un bon thé chaud pour calmer son anxiété.

— ... à mi-chemin, la terre s'est écroulée sous moi, disait le vieux profanateur de tombes pendant que je descendais avec le plateau. Comme si j'avais heurté une cavité ou une poche dans la terre. Je suis tombé tête la première sur le couvercle du cercueil. Je ne sais pas si je l'ai brisé en tombant, ou s'il l'était déjà avant que je me cogne dessus.

— Probablement avant, assura le docteur.

Ils étaient tels que je les avais laissés: le docteur adossé contre la rampe, le vieil homme frissonnant sur le tabouret. Je lui offris une tasse de thé qu'il accepta avec enthousiasme.

— Je suis glacé jusqu'aux os! marmonnat-il.

— Le printemps a été froid, fit remarquer le docteur.

Il me semblait à la fois ennuyé et agité.

— Je ne pouvais quand même pas les laisser là, expliqua le vieil homme. Les recouvrir et les abandonner? Non. Non. J'ai plus de respect que ça. Je crains Dieu. Je redoute le jugement éternel! C'est un crime, docteur! Une abomination! Alors, une fois que j'ai eu rassemblé mes esprits, j'ai pris une corde et je les ai sortis du trou, grâce à mon cheval, puis je les ai emballés ... et je vous les ai amenés.

— Vous avez fait ce qu'il fallait, Erasmus.

— Voyez-vous, docteur, je me suis dit: un seul homme saura quoi faire de ça. Je vous demande bien pardon, mais vous êtes certainement au courant de ce qui se dit sur vous, et sur les drôles de choses qui se passent chez vous. Seuls les sourds n'ont jamais entendu parler de Pellinore Warthrop et de la maison de Harrington Lane.

— Eh bien, j'ai de la chance que vous ne soyez pas sourd! rétorqua le docteur d'un ton sec.

Il s'approcha du vieil homme, et posa ses deux mains sur ses épaules.

— Vous pouvez avoir confiance en moi, Erasmus Gray. Tout comme je suis certain que je peux avoir confiance en vous. Je ne parlerai jamais de votre implication dans ce « crime » comme vous l'appelez, et je suis certain que vous ne direz rien à mon sujet, vous non plus. À présent, voici pour le dérangement ... Il prit une liasse de billets dans sa poche et la plaqua dans les mains de son visiteur.

— Je ne voudrais pas vous presser, Erasmus, mais plus vous restez ici, plus vous mettez votre personne et mon travail en danger. Et, croyez-moi, je suis tout aussi préoccupé par ces deux causes, ajouta-t-il avec un léger sourire.

Il se tourna vers moi.

— Will Henry, raccompagne notre visiteur à la porte.

Il fit alors de nouveau face à Erasmus Gray.

— Ce soir, vous avez largement contribué aux progrès de la science, monsieur.

Bouche bée, le vieil homme contemplait toujours la liasse de billets dans ses mains tremblantes, visiblement plus intéressé par l'augmentation de ses maigres richesses que par l'avancement de la science. D'une tape dans le dos, le Dr Warthrop l'incita à se lever puis le poussa vers l'escalier, m'enjoignant de ne pas oublier de refermer la porte de derrière, et de trouver enfin mes chaussures.

— Et ne traîne pas en route, Will Henry. Nous avons du travail pour toute la nuit. Allez, du nerf!

Une fois à la porte d'entrée, le vieil Erasmus hésita un instant. Il posa une main crasseuse sur mon épaule, l'autre agrippant son chapeau usé. Ses yeux chassieux fixaient le brouillard, qui désormais camouflait complètement le cheval et son chariot. J'entendis l'animal renâcler et frapper du sabot contre les pavés, ces bruits étant la seule preuve de sa présence.

— Qu'est-ce que tu fais dans cette maison, mon garçon? demanda soudain Erasmus, en m'étreignant l'épaule. Ce n'est pas un endroit pour un enfant.

— Mes parents sont morts dans un incendie, monsieur. Le docteur m'a recueilli chez lui.

— Le docteur, répéta Erasmus. Je sais qu'on l'appelle ainsi – mais dans quelle discipline exerce-t-il réellement?

L'étrange, avais-je envie de répondre. Le bizarre. L'indicible.

Au lieu de cela, je lui fournis la même réponse que celle donnée par le docteur peu après mon arrivée dans la maison de Harrington Lane.

— En philosophie.

— Philosophie! Eh bien! ce n'est pas vraiment le terme que j'emploierais!

Il plaqua son chapeau sur sa tête et avança dans le brouillard qui l'engloutit bientôt.

Quelques minutes plus tard, après avoir fermé le verrou et retrouvé mes chaussures – rangées exactement là où je les avais laissées la veille au soir –, je descendis l'escalier jusqu'au laboratoire du sous-sol. Le docteur m'attendait au pied des marches, pianotant avec impatience sur la rampe. À l'évidence, pour lui, je ne mettais pas assez de « nerf » à l'ouvrage. En ce qui me concernait, je n'étais guère impatient quant à la suite des événements. Ce n'était pas la première fois que quelqu'un frappait à notre porte au beau milieu de la nuit en apportant un paquet macabre, mais celui-ci était de loin le plus gros.

— As-tu bien fermé la porte? s'enquit le docteur.

Ses joues étaient légèrement empourprées, son souffle court, et sa voix tremblait d'excitation. Je répondis par l'affirmative. Il hocha la tête. Nous allions pouvoir commencer.

— Si ce que cet homme m'a dit est vrai, Will Henry, s'il ne s'est pas joué de moi – ce ne serait pas la première fois que cela m'arrive –, alors, il s'agit d'une découverte stupéfiante. Viens!

Nous prîmes nos places, lui près de la table sur laquelle était allongé le grand paquet de toile de jute, moi derrière lui, à sa droite, en faction près du plateau roulant d'instruments, crayon et carnet prêts. Ma main tressaillait tandis que j'inscrivais la date en haut de la page: 15 avril 1888.

Il enfila ses gants, les faisant claquer contre ses poignets. Chaussé de ses bottes de caoutchouc, il trépignait d'impatience sur le sol glacé. Enfin, il mit son masque. Je ne voyais plus que le haut de son nez et ses grands yeux sombres.

— Prêt, Will Henry? demanda-t-il d'une voix étouffée par le masque.

— Prêt, monsieur, répondis-je, même si j'éprouvais tout le contraire.

— Ciseaux!

Je posai l'instrument, poignées en avant, dans sa paume ouverte.

— Pas ceux-là, Will Henry. Les grands.

Il commença par l'extrémité étroite du paquet, là où devaient se trouver les pieds, le découpant jusqu'au centre de la toile. Il avait les épaules voûtées et les mâchoires crispées par l'effort. Il s'interrompit une fois pour étirer ses doigts, puis se remit à la tâche. La toile de jute était humide et durcie par la boue.

— Ce vieux fou a ficelé son paquet comme une dinde de Noël à mettre au four! marmonna-t-il.

Après ce qui me parut une éternité, il atteignit enfin l'autre extrémité. La toile de jute s'était à peine ouverte de quelques centimètres le long de l'incision. Pour le moment, et pour un court instant encore, son contenu demeurait mystérieux. Le docteur me tendit les ciseaux, et s'appuya contre la table, se reposant un instant avant la terrible apothéose. Puis il se redressa et prit une profonde inspiration.

— Très bien, allons-y, Will Henry.

Commençant là aussi par l'extrémité la plus étroite, il écarta la toile de jute, qui tomba de chaque côté, se répandant sur la table comme les pétales d'une fleur qui s'ouvre au soleil printanier.

Je m'avançai derrière lui et les aperçus alors. Non pas un seul cadavre, comme je l'avais soupçonné, mais deux corps, l'un enlaçant l'autre de façon obscène. Je déglutis le flot de bile qui montait de mon estomac vide, et m'enjoignis de cesser de trembler. Souvenez-vous, je n'avais que douze ans. Certes, j'avais déjà vu mon lot de choses effarantes. Sur les étagères du laboratoire s'alignaient des bocaux dans lesquels flottaient maintes curiosités préservées dans diverses solutions. Des organes et des membres de créatures que vous ne reconnaîtriez jamais, dont vous seriez enclins à penser qu'elles appartiennent à l'univers des cauchemars, et non à notre monde familier. Et, comme je l'ai déjà mentionné, ce n'était pas la première fois que j'assistais le docteur à cette table.


(Continues...)

Excerpted from Le Monstrologue by William James Henry, Rick Yancey, Francine Deroyan. Copyright © 2009 Rick Yancey. Excerpted by permission of Robert Laffont.
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