" Il avait à peine trente ans, le bon Séligni, qu'il croyait déjà la sensibilité de son cœur entièrement épuisée par une passion dont l'objet n'était plus. - Voilà un roman qui commence comme la plupart des romans pourraient finir. - C'est justement pour cette raison que le bon Séligni pensait lui-même être à la fin du roman de sa vie. Ce qu'il craignait le plus, c'était de se laisser séduire par de nouvelles illusions. Il avait aimé de si bonne foi ; l'être qu'il adorait encore méritait cet hommage à tant de titres, avait eu tant de vertus et de charmes, l'avait rendu tour-à-tour si parfaitement heureux et si parfaitement malheureux, que son âme remplie de souvenirs délicieux et de regrets déchirants, eût regardé l'idée seule d'un autre amour comme une sorte d'impiété, s'il l'eût imaginé possible..."