Nos vies en l'air
Mina et Océan. Ces deux-là se rencontrent par hasard ce soir sur le toit-terrasse d’un immeuble. Ils ont choisi le même spot pour en finir. Ils décident de s’accorder la nuit pour faire, ensemble… tout ce qui leur passe par la tête, en se disant toujours la vérité. Où cela va-t-il les entraîner  ?
 
 
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Nos vies en l'air
Mina et Océan. Ces deux-là se rencontrent par hasard ce soir sur le toit-terrasse d’un immeuble. Ils ont choisi le même spot pour en finir. Ils décident de s’accorder la nuit pour faire, ensemble… tout ce qui leur passe par la tête, en se disant toujours la vérité. Où cela va-t-il les entraîner  ?
 
 
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Nos vies en l'air

Nos vies en l'air

by Manon Fargetton
Nos vies en l'air

Nos vies en l'air

by Manon Fargetton

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Overview

Mina et Océan. Ces deux-là se rencontrent par hasard ce soir sur le toit-terrasse d’un immeuble. Ils ont choisi le même spot pour en finir. Ils décident de s’accorder la nuit pour faire, ensemble… tout ce qui leur passe par la tête, en se disant toujours la vérité. Où cela va-t-il les entraîner  ?
 
 

Product Details

ISBN-13: 9782700261226
Publisher: Rageot Editeur
Publication date: 01/09/2019
Series: Grand Format
Sold by: Hachette Digital, Inc.
Format: eBook
File size: 2 MB
Age Range: 12 Years
Language: French

About the Author

Née en 1987, Manon Fargetton a grandi à Saint-Malo. Régisseuse lumière, elle est passionnée par le théâtre et les littératures de l’imaginaire. Elle a été publiée dès 2005 puis a écrit chez Mango Aussi libres qu’un rêve. Chez Rageot elle a notamment écrit la série Les plieurs de temps, Le livre de toutes les réponses sauf une, Le suivant sur la liste l'Intégrale et la trilogie June. Elle vit à Paris.

Read an Excerpt

CHAPTER 1

Elle

– Tu vas sauter?

Je tourne la tête, manque de perdre l'équilibre, m'accroupis.

Vertige.

Mes mains agrippent le rebord humide du toit. Je sens mon cœur cogner fort, si fort, comme s'il voulait se libérer de ma poitrine pour s'évanouir dans la nuit.

Tandis que l'adrénaline reflue dans mes veines, je me laisse à nouveau happer par le ballet de la ville en contrebas. Bruine qui danse dans la lumière des lampadaires, pinceaux des phares sur la chaussée détrempée, néons des enseignes, métro qui fuse sur le pont au-dessus du carrefour, silhouettes et parapluies pressés. Une heure que je les observe. Funambule sur un fil de zinc, anticipant la chute. Ou l'impact. Parce que la chute, l'horreur de ne plus rien contrôler, le plaisir terrifiant de l'apesanteur, l'impuissance de me sentir aspirée malgré moi par une force qui me dépasse, je connais.

– Tu vas sauter?

J'effleure l'intrus d'un regard impatient. Il ne doit pas être beaucoup plus âgé que moi, malgré sa chemise blanche et cette veste de costard qui lui donnent l'air de s'être déguisé en adulte.

– Va-t'en, je souffle.

S'il disparaît, tout rentrera dans l'ordre, je poursuivrai la soirée comme je l'avais prévue.

Il m'observe sans répondre. Comment peut-il être si calme? Il voit bien que je m'apprête à sauter. M'a-t-il aperçue de la rue? Est-il monté dans l'espoir de me faire changer d'avis? De me sauver? Il n'y arrivera pas.

Le garçon descend vers le rebord du toit où je me tiens.

– T'approche pas!

– Je n'approche pas.

C'est vrai, il garde ses distances. Il s'arrête à quelques mètres de moi, le bout de ses chaussures flirtant avec l'à-pic. Baisse les yeux vers l'avenue. Notre position précaire ne semble pas l'inquiéter.

– Tu vises où? demande-t-il.

Non mais c'est quoi ce mec? Il est taré! Il voit une fille sur le point de se foutre en l'air, et tout ce qu'il trouve à demander, c'est quel endroit elle vise? Une bouffée de nervosité me saisit. J'ai toujours détesté l'imprévu, et ce soir plus encore.

Il répète avec un sérieux qui me trouble: – Tu vises où?

Vingt mètres plus bas, une grande croix jaune me nargue telle une cible. Je m'assieds, les pieds dans le vide. Je fais pivoter mon téléphone dans ma main,prends une photo de mes Converse sur fond de rue, la poste avec « Vous verrez » en commentaire. C'est ce qu'ils attendent, de l'autre côté de leurs écrans. Du moins, je l'espère. Je souhaite qu'ils assistent à tout, et que plus jamais ces images ne laissent leurs cerveaux venimeux en paix.

– La place livraison, je réponds enfin.

Il hoche la tête, appréciateur.

– Pratique, la croix. Et puis c'est assez loin pour être sûre d'éviter le balcon du cinquième étage. Mais il y a toujours le risque qu'entre le moment où tu sauteras et celui où tu atteindras la chaussée, une voiture se gare dessus. La carrosserie amortira le choc et, au lieu de crever, tu finiras paraplégique, en fauteuil roulant, surveillée dans une institution pendant des années sans pouvoir recommencer. Ce serait con.

Je réfléchis un instant. J'aurais pu faire comme les autres, qui se coupent les veines ou avalent des médicaments. Sauf que j'ai étudié la question: ils sont trop souvent sauvés au dernier moment par un proche. Moi, je ne veux pas être sauvée. Je veux du définitif, du spectaculaire. Laisser une trace indélébile dans l'esprit des connards qui ont transformé ma vie en enfer. Alors j'ai préparé cette soirée dans les moindres détails. J'ai choisi le jour où mes parents sont au restaurant avec des amis; ils ne s'inquiéteront pas avant qu'il soit trop tard. Et puis il y a ma tenue. La robe dorée de la fête, les Converse pailletées d'Alix, les socquettes roses que je croyais porte-bonheur, le shorty de la photo, le sweat de Bastien Bousquet, le collant rouge sang, l'écharpe de nuit ... Chaque élément a un sens, porte un message qu'ils reconnaîtront; jusqu'au choix de cet immeuble, juste en face de mon lycée dont j'aperçois les tourelles d'angle de l'autre côté du boulevard Pasteur.

Je jette un coup d'œil au garçon. Il ne me porte aucune attention, se contente de fixer le sol d'un regard fasciné. Y a-t-il vraiment un risque que je termine en fauteuil roulant en me jetant d'aussi haut? S'il veut me dissuader de sauter, il s'y prend bizarrement. Mais il y parvient presque.

Je me mordille l'intérieur de la bouche.

– Tu crois que ça fait quoi?

– Que quoi fait quoi?

– S'écraser. On a le temps d'avoir mal?

– T'es débile ou quoi? Tu projettes de te tuer et tu te demandes si ça va faire mal? Évidemment que ça va faire mal.

Le ton est cinglant. Je le dévisage comme s'il venait de me gifler. Je n'ai jamais su réagir face aux agressions. La violence, verbale ou physique, me pétrifie. Sauf qu'aujourd'hui, je n'ai plus peur. Je vais mourir. Je ne vais pas laisser un énième bourge me rabaisser, pas ce soir. Je m'accorde un moment pour encaisser, me reprendre, et je lance:

– Tu crois que ton fric te donne le droit de me parler comme ça?

L'ébauche d'un sourire s'accroche à la commissure de ses lèvres, creusant dans sa joue une fossette en forme de virgule.

– Et toi, tu crois que tu m'as cerné parce que je porte un costard? Ce costard est ironique, pas littéral.

– Tu causes comme un dico et tu pues la thune.

– L'argent n'a pas d'odeur.

– Parles-en à Chanel.

– Hey, tu peux être marrante, en fait. T'es peut-être pas complètement conne.

– J't'emmerde. Qu'est-ce que tu fais là? C'est mon toit, putain, il fallait que tu débarques justement ce soir!

Ton toit?

– J'étais là avant.

– Super argument. T'as quoi, cinq ans?

Je lève les yeux au ciel, exaspérée. Le pire c'est qu'il a raison, ma réplique était digne d'une cour de maternelle. Et déjà à cette époque, j'étais incapable de me défendre des « Mina, minable! » qu'on me chantait à longueur de journée, ou des « Mes parents disent que ton père il devrait rentrer chez lui » auxquels je ne comprenais rien – alors que bon, c'est ici chez lui, bande de cons, il est né en France, même si mes grands-parents sont algériens. Les beaux quartiers parisiens ne sont beaux que de l'extérieur.

J'écarte une mèche de cheveux que la pluie a collée à mon front et observe l'inconnu à la dérobée. A-t-il grimpé ici par le même échafaudage que moi, le long de la façade du bâtiment d'à côté? Ou bien est-il étudiant et habite-t-il dans une des chambres de bonnes dont les fenêtres percent le zinc gris quelques centimètres sous mes pieds?

Une voiture klaxonne. Un embouteillage s'est formé dans la nuit encore pâle. Tout paraît si petit, vu d'ici. Dérisoire. L'énervement des conducteurs gagne en ampleur. Ils veulent rentrer chez eux, retrouver leurs jolies familles dans leurs jolis appartements. Si je sautais maintenant, ça les calmerait. La tronche qu'ils tireraient en comprenant que c'est un corps humain qui vient de se fracasser devant eux! La futilité de ce boucan leur apparaîtrait enfin.

– Je suis monté ici pour faire la même chose que toi, lâche le garçon.

L'aveu me prend au dépourvu.

– Tu ... pourquoi tu veux te tuer?

– Il y a besoin d'une raison?

– Bah, c'est un peu la base ...

– C'est un peu la base, m'imite-t-il. Qu'est-ce que tu en sais? Tu es psy? Même eux ils ne comprennent rien à rien.

– Donc tu te suicides comme ça, pour le fun?

– Ouais, voilà, ironise-t-il. La mort, c'est fun. (Il m'imite à nouveau, me renvoyant l'image d'une écervelée futile.) Et donc toi, tu as une raison valable pour sauter?

– Évidemment.

– J'écoute.

– Ça te regarde pas.

– Nan. Mais apparemment, je suis le seul à m'y intéresser.

Touché.

– Des gens ont ... foutu ma vie en l'air.

– Comment? Une tournante? (Je lui jette un regard horrifié.) OK, pas un viol. Quoi alors? Tu t'es fait tabasser? T'as pas l'air en trop mauvais état.

Je secoue la tête.

– Ce n'est pas parce que ça ne se voit pas que ... Laisse tomber.

– Entendu, je laisse tomber. Tout. Moi. Toi ... t'es prête à crever? Ou tu fais juste semblant pour attirer l'attention?

Les gouttelettes de pluie emperlent son sourire. Il s'amuse à me rabaisser. Il est tellement fier, tellement sûr d'être le garçon le plus lucide et spirituel de la terre. Et moi, blessée par cet aplomb que j'aimerais tant posséder, je me ratatine.

J'avais tout planifié, merde! C'était parfait, digne d'un film hollywoodien. Des larmes de dépit dévalent mes joues. Je murmure: – Même mourir, je ne suis pas capable de le faire bien.

– Quoi?

– Rien.

– Oh non, soupire-t-il avec mépris, tu ne vas pas te mettre à chialer en plus.

– Et pourquoi pas, hein? Donne-moi une seule raison de ne pas pleurer!

– Toi et tes fichues raisons ...

Je le fixe, lui offre mes yeux rougis écarquillés et les traînées noir et or de mon maquillage depuis longtemps dispersé par la bruine. Il les affronte sans ciller. Soudain, il se décale sur le zinc, éjectant vers la rue la pellicule d'eau qui le recouvre. Il s'immobilise à moins d'un mètre de moi.

– Imagine, quand ils vont nous trouver en bas l'un à côté de l'autre! Les flics s'arracheront les cheveux à essayer de comprendre pourquoi on a sauté ensemble; ils vont chercher une connexion entre nous. Alors qu'il n'y en a aucune. Juste le hasard d'avoir choisi le même spot, le même soir. Ça va les rendre fous! Un mystère qu'ils ne résoudront jamais. Notre ultime blague à ce monde de merde peuplé d'abrutis! Qu'est-ce que tu en dis?

– Ce n'est pas ce que j'avais ... prévu.

– Tu avais prévu quoi?

– Diffuser ma chute en live.

– Ça n'empêche pas. Je ferai partie de ton film, tu feras partie de ma blague. Juste, ne pleure pas.

Je hoche la tête.

Mon regard retombe vingt mètres plus bas sur la croix jaune qui m'attend.

Qui nous attend.

CHAPTER 2

Instantané: les baskets pailletées

Alix et moi sommes assises sur mon lit. C'est le 15 août. Comme toujours, Alix se charge d'empiler des mots sur le silence. Comme toujours, mais pas pour toujours. Alix et sa famille déménagent demain. Elle ne sera plus là pour illuminer mes journées de cours.

– Je vais me faire chier loin de toi et de Paris, peste Alix. Heureusement qu'il va y avoir le soleil et plein de gens à rencontrer, sinon je me tirerais une balle. On se parle tous les jours, hein Mina, juré?

– Juré.

– Et puis tu viendras me voir, il y aura une piscine dans notre jardin, je suis sûre qu'il fera encore beau à la Toussaint!

La Toussaint. Deux mois et demi à tenir en apnée jusqu'à reprendre une bouffée d'oxygène, une bouffée d'elle. Notre amitié dure depuis la maternelle. Alix et moi, c'est à la vie à la mort.

– Ma mère pète un câble à l'idée de quitter Paris, alors que c'est elle qui l'a voulu au départ! Complètement schizo! De toute façon, pour les adultes, y a jamais rien qui va. Enfin, c'est pas que les adultes, même ceux de notre âge s'y mettent maintenant, ils font genre, c'est devenu à la mode d'être malheureux et désabusé. Ça me saoule, les gens qui sont tout le temps négatifs ...

Je souris sans répondre. Si Alix savait les pensées qui me traversent lorsqu'on n'est pas ensemble, est-ce qu'elle m'aimerait encore?

– Oh, j'ai un cadeau pour toi! s'exclame-t-elle.

– Moi aussi!

Alix farfouille dans son sac à dos; je me penche pour attraper le paquet que j'ai préparé sous mon lit.

– En même temps, ordonne Alix.

Nous déchirons les papiers cadeaux. Une boîte à chaussures apparaît entre mes mains. Alix découvre la gourmette en argent sur laquelle j'ai fait graver « A & M » d'un côté, et « 2G4E » de l'autre. Alix et Mina, together for ever.

– Rooooh, c'est trop mignon, merci!

J'ouvre la boîte à chaussures. J'y découvre une paire de Converse irisées dans les tons argent et prune. Deux pensées jaillissent simultanément dans mon esprit. Elles sont sublimes. Je n'oserai jamais les porter au lycée.

– Quand je les ai vues, explique Alix, je me suis dit qu'elles seraient parfaites pour toi, ma licorne à paillettes d'amour!

– Tu as eu raison. Je les adore.

CHAPTER 3

Lui

Si elle n'avait pas été là, j'aurais déjà sauté.

Je serais monté sur le toit, j'aurais évalué d'un coup d'œil le meilleur point de chute, et j'aurais sauté.

Au lieu de quoi je me gèle le cul sur ce zinc détrempé avec une chouineuse persuadée d'avoir la vie la plus insupportable de l'univers, quand elle a juste une vie aussi merdique que n'importe qui. L'impulsion qui m'a poussé ici ce soir s'évanouit peu à peu. Je la blâme pour ça.

– Si tu crois que la vie des autres ressemble à leur compte Instagram, t'es débile.

Je dis toujours la vérité brute. Ce que mes interlocuteurs en font, qu'ils l'acceptent ou la rejettent, ce n'est pas mon problème.

– Ton avis, je m'en fiche.

Mensonge. Elle ne s'en fiche pas du tout. On s'intéresse tous à l'avis des autres, surtout ceux qui prétendent le contraire.

– Ces gens qui t'ont fait du mal, c'est qui?

– Tout le monde.

– Tout le monde, c'est comme personne, ça ne veut rien dire.

– T'as beaucoup de phrases toutes faites de ce genre en réserve?

– Des tas.

Elle sourit. Il y a une telle tristesse dans ce sourire qu'une pointe glacée familière s'enfonce dans ma poitrine.

– Te fatigue pas alors, souffle-t-elle.

– Pardon?

– Je ne t'intéresse pas, tu ne m'intéresses pas, pas la peine de faire semblant.

Voilà ce qui s'appelle se faire prendre à son propre jeu. Dans la catégorie « vérités qui fâchent », cette fille se pose là. Je ne cherche pas à la détromper. Elle a raison, nous n'avons rien à faire ensemble, nous ne venons pas du même monde, ne vivons pas dans le même monde. Comme dit mon grand-père, certains fossés ne sont pas faits pour être comblés.

La fille avance de quelques millimètres. Le rebord du toit glisse de ses genoux jusqu'au-dessous de ses cuisses nues. Tout son corps est tendu, une flèche encochée sur la corde d'un arc. Je retiens mon souffle.

– Tu t'appelles comment?

Les mots sont sortis avant que je décide de parler. La fille se redresse légèrement.

– Mina. Toi?

– Océan.

Elle tourne la tête vers moi.

– Océan? Sérieux?

Je glisse la main dans la poche intérieure de ma veste, sors ma carte d'identité, la lui tends. J'ai l'habitude de ne pas être cru.

Elle déchiffre les caractères. Océan Du Plessis-Joubert. La bonne blague, pour une famille ayant vécu en région parisienne sur au moins dix générations. Au Plessis, le truc qui ressemble le plus à un océan, c'est l'étang Colbert – une mare à canards boueuse. On est loin des quarantièmes rugissants.

– J'avais raison. T'es un bourge. Même ta ville de naissance porte ton nom.

– Ouais, on est un peu les seigneurs locaux. La vie de château, c'est mortel.

Je souris, ravi des doubles sens dont je parsème la conversation. Je me fiche qu'elle les saisisse, c'est mon propre esprit que j'ai besoin de distraire pour ne pas sombrer. Océan a le séant trempé, je poursuis intérieurement en contractant l'une après l'autre mes fesses frigorifiées. Ô! séant, que vaux-tu dans l'infini du monde? Toi, si large à nos yeux enchaînés sur tes bords, Mais étroit pour notre âme aux rebelles essors, Qui, du haut des soleils te mesure et te sonde ...

Je retiens un éclat de rire.

Mina me rend ma carte, inconsciente de la comédie qui se joue en moi. Rares sont ceux qui partagent mon humour. Ma mère, et ... ma mère. C'est elle qui m'a donné le goût des jeux de mots, et sa bibliothèque est mon refuge.

Je me penche en avant. Les klaxons se sont tus. Les voitures qui parcourent le boulevard filent à présent dans la nuit à la même vitesse que les éclats de lumière du métro aérien.

Les doigts de Mina se crispent au bord du toit. Je les fixe. Ce sont eux qui lâcheront les premiers lorsqu'elle se décidera, eux qui, quelques secondes avant la bascule, annonceront la chute. Je me penche, jauge la nuit prête à m'aspirer. Mina m'ignore, comme si je n'existais pas. Ça me va. J'ai l'habitude de ne pas exister.

(Continues…)


Excerpted from "Nos vies en l'air"
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