Après nous - Tome 1

Les visages les plus angéliques sont les masques des démons les plus cruels.
Jeune fille à la beauté ensorcelante et à la voix envoûtante, Jezebel Kern a tout pour être heureuse... Mais elle porte en elle un secret qui la ronge chaque jour davantage.
Lorsque ses parents meurent dans un terrible accident, Jezebel découvre une effroyable vérité sur son passé et le leur. Elle se sent trahie. Son univers s'effondre.
Y a-t-il un lien avec son secret ? Qui est-elle vraiment ?
Il est des questions dont il vaut mieux ne jamais connaître les réponses. Celles que Jezebel trouvera risquent bien de faire vaciller ses croyances comme sa raison.
Après son inoubliable trilogie Kaleb, la nouvelle saga fantastique de Myra Eljundir.

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Après nous - Tome 1

Les visages les plus angéliques sont les masques des démons les plus cruels.
Jeune fille à la beauté ensorcelante et à la voix envoûtante, Jezebel Kern a tout pour être heureuse... Mais elle porte en elle un secret qui la ronge chaque jour davantage.
Lorsque ses parents meurent dans un terrible accident, Jezebel découvre une effroyable vérité sur son passé et le leur. Elle se sent trahie. Son univers s'effondre.
Y a-t-il un lien avec son secret ? Qui est-elle vraiment ?
Il est des questions dont il vaut mieux ne jamais connaître les réponses. Celles que Jezebel trouvera risquent bien de faire vaciller ses croyances comme sa raison.
Après son inoubliable trilogie Kaleb, la nouvelle saga fantastique de Myra Eljundir.

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Overview

Les visages les plus angéliques sont les masques des démons les plus cruels.
Jeune fille à la beauté ensorcelante et à la voix envoûtante, Jezebel Kern a tout pour être heureuse... Mais elle porte en elle un secret qui la ronge chaque jour davantage.
Lorsque ses parents meurent dans un terrible accident, Jezebel découvre une effroyable vérité sur son passé et le leur. Elle se sent trahie. Son univers s'effondre.
Y a-t-il un lien avec son secret ? Qui est-elle vraiment ?
Il est des questions dont il vaut mieux ne jamais connaître les réponses. Celles que Jezebel trouvera risquent bien de faire vaciller ses croyances comme sa raison.
Après son inoubliable trilogie Kaleb, la nouvelle saga fantastique de Myra Eljundir.


Product Details

ISBN-13: 9782221144800
Publisher: Groupe Robert Laffont
Publication date: 11/23/2017
Sold by: EDITIS - EBKS
Format: eBook
Pages: 250
File size: 4 MB
Language: French

About the Author

Sous le mystérieux pseudonyme de Myra Eljundir se cache une psychologue spécialisée en psychocriminologie, écrivaine et scénariste francophone de talent, vivant en Islande. À l'instar de Kaleb, sa trop grande empathie l'a conduite à s'isoler. Une façon de se protéger, ainsi que ceux qu'elle aime. Ses trois premiers romans, Écho (2009), Potens (2010) et Sa vie dans les yeux d'une poupée (2013) ont été plébiscités tant par le public que par les libraires. Elle écrit également des sagas fantastiques : la trilogie Kaleb et la trilogie Après nous, dont le premier tome est publié en 2015 aux Éditions Robert Laffont.

Read an Excerpt

CHAPTER 1

Glacée malgré la douceur de ce mois d'octobre, Jezebel Kern resserra les bras autour de son blouson et pénétra dans le funérarium, regard vide, tête baissée. La cérémonie était terminée, mais restait la crémation. Crémation. Elle n'arrivait pas à s'approprier ce mot immonde, à comprendre vraiment ce qu'il impliquait. D'ailleurs, tout semblait irréel autour d'elle, grotesque, anachronique. Cette couronne de fleurs ocre surmontée d'un ruban au message compassé « Pour nos chers collègues partis trop tôt », la mine de circonstance plaquée sur le visage de croque-morts rompus à l'exercice, le registre noirci des condoléances d'inconnus qui n'avaient pas jugé nécessaire de se déplacer pour rendre un dernier hommage. La jeune fille avait l'impression désagréable d'être coincée dans un mauvais film, d'être une erreur de casting au sein d'une mascarade. Rien, elle ne trouvait rien à quoi se raccrocher dans ce bâtiment impersonnel, désespérément aseptisé. Elle releva légèrement la tête, afin de pouvoir observer tout le monde, sans croiser le regard de personne. Cependant elle ne vit aucun visage connu, seulement des membres de l'établissement funéraire. Jezebel sentit les larmes lui monter aux yeux, pas des larmes de chagrin, non, celles-là n'étaient pas encore venues. Mais des larmes de peur, d'impuissance. Seule, elle était désormais seule au monde. Qu'allait-elle devenir à présent que ses parents l'avaient quittée? Sa gorge se serra. Le souvenir de leur dernière dispute lui revint en une bouffée acide. Leur colère fulgurante, irrationnelle. Le violent sentiment d'injustice qui l'avait alors saisie. Vous ne m'empêcherez pas de vivre ma vie, et si vous essayez je partirai d'ici! Les cris, ceux de son père, les siens, les sanglots de sa mère et le sang. Tout ce sang ...

— Jezebel!

Une voix haut perchée interrompit brutalement le cours de ses pensées. La jeune fille opéra un demi-tour sur elle-même et vint se jeter dans les bras de la femme.

— Oh, Marion, tu es venue!

— Bien sûr que je suis venue, ma chérie! Tu ne pensais pas que j'allais te laisser toute seule un jour comme celui-ci? J'aurais dû être présente pour la cérémonie, mais ma voiture n'a pas voulu démarrer, j'ai dû appeler un taxi ... Je suis là maintenant! Comment tu vas, toi?

Sentant qu'elle serait incapable de répondre sans trahir l'angoisse qui la rongeait, voire d'éclater en sanglots, Jezebel se contenta de hausser les épaules. Marion Arsac la serra un peu plus fort contre elle. À presque seize ans, la fille de Johann et Hannah Kern la dépassait d'une bonne tête et, pourtant, elle n'avait jamais paru aussi fragile qu'en ce moment précis, or quoi de plus normal quand on vient de perdre ses deux parents de façon si terrible?

Marion Arsac connaissait la famille Kern depuis dix ans, maintenant. Il n'avait pas été aisé de nouer des liens avec eux, c'étaient des personnes solitaires et méfiantes, certains habitants du quartier chuchotaient qu'ils avaient forcément des choses à se reprocher, que Johann avait fait de la prison, qu'ils étaient trop parfaits pour être honnêtes, quand d'autres savaient à peine à quoi ils ressemblaient et se rappelaient encore moins leur nom de famille. Il est vrai que les Kern mettaient un point d'honneur à ne pas se faire remarquer. Ils sortaient les poubelles aux horaires prévus, n'avaient jamais de contravention, ne râlaient pas quand un voisin poussait le volume à fond un soir de la semaine ... Les locataires idéaux, en quelque sorte, parmi la foule de malotrus multipliant les incivilités dans l'immeuble où ils vivaient. Marion avait très vite mesuré sa chance d'habiter sur le même palier, bien que leurs premiers échanges se soient limités aux politesses d'usage. Cependant, à force de sourires et de menus services, elle était parvenue à se faire accepter de la famille, à recueillir quelques confidences d'Hannah, gagner la confiance de Johann, l'affection de Jezebel. La petite la considérait un peu comme sa tante et appréciait chez elle la fantaisie qui manquait à ses parents. Jezebel avait très vite montré un tempérament artistique, spontané, quand les Kern ne juraient que par la réussite scolaire et la poussaient à travailler dur ainsi qu'à délaisser sa guitare et ses rêves de scène. Mais la jeune fille n'en avait toujours fait qu'à sa tête et son entrée dans l'adolescence l'avait rendue plus rétive encore aux injonctions de ses parents. Souvent, Marion entendait leurs éclats de voix depuis sa cuisine. La pièce était mitoyenne avec le salon des Kern et l'isolation phonique laissait à désirer, c'est ainsi qu'elle avait parfois perçu des paroles qu'elle n'aurait jamais dnn entendre. Des paroles qui, si elles n'avaient pas été prononcées par un couple aussi sérieux, auraient pu les faire passer pour fous ...

— Garde-moi avec toi, s'il te plaît!

L'orpheline s'était doucement dégagée de son étreinte et la fixait de ses grands yeux cuivrés.

— On en a déjà parlé, ma belle, tu sais bien que je ne peux pas, répondit-elle, gênée. Je n'ai aucun droit à faire valoir sur toi et une intérimaire qui peint à ses heures perdues n'a rien de rassurant pour l'ASE.

— Mais j'aurai seize ans dans un mois! Je ne suis plus une enfant!

— Je le sais, ma chérie. Mais la justice n'est pas de cet avis et tu dois aller vivre dans cette famille d'accueil. Je suis sûre qu'ils t'attendent avec impatience et vont tout faire pour que tu te sentes bien ...

— Me sentir bien? Comment veux-tu que je me sente bien après ce qui est arrivé? Quand rien ne se passe comme je l'avais imaginé?

La voix de la jeune fille s'étrangla dans un hoquet, Marion lui adressa un sourire piteux pour tenter de la consoler. Bien sûr, Jezebel pensait certainement profiter de ses parents pendant de nombreuses années ...

Cependant, ce n'était pas de la tristesse que Jezebel venait d'exprimer, mais bien une forme de colère. Colère contre les adultes qui décrétaient savoir ce qu'elle devait faire à présent, contre le destin qui venait de faucher ses parents, colère contre elle qui avait plus d'une fois imaginé être débarrassée d'eux, pendant cette phase étrange qu'il y a entre l'éveil et le sommeil, quand on flotte un peu et que l'esprit se laisse aller, léger et tout-puissant à la fois, à envisager d'autres possibles. Néanmoins jamais, dans ses hypothèses les plus folles, elle n'aurait songé être expédiée dans une famille d'accueil, loin de ses amis, de Marion, de tous ses repères.

Pourtant, aller à Paris, elle l'avait désiré plus que tout. Combien de fois s'était-elle amusée à s'y projeter, en pensée, à se rêver en femme libre, en chanteuse adulée, menant la grande vie? À présent, tout cela lui paraissait bien superficiel. Aussi irréel que cet ersatz de funérailles auxquelles personne n'était venu assister.

— Je crois que c'est le moment, ma puce ...

Marion Arsac passa gentiment un bras autour de ses épaules et l'invita à se rendre dans la salle du dernier hommage. Jezebel prit place derrière la petite vitre. De l'autre côté, un cercueil avait été installé sur des rails et faisait face à une trappe métallique.

— C'est maman ou papa à l'intérieur? demanda-t-elle d'une voix blanche.

— Je ... Je ne sais pas, ma puce.

Comme rien ne lui permettait de faire la distinction, la jeune fille décréta qu'il s'agissait de son père. Elle n'avait pas pu voir les corps de ses parents, ils avaient été trop abîmés dans l'accident et personne n'avait voulu prendre le risque de la traumatiser. Derrière le rideau de larmes qui venait brouiller sa vision, Jezebel vit la trappe s'ouvrir doucement sur un tunnel étroit aux parois rougeoyantes et fut prise d'une bouffée d'angoisse. Elle sentit sa tête tourner, son cœur ralentir, sa respiration se couper. L'espace d'un instant, c'est elle qu'elle imagina allongée dans ce cercueil, sur le point d'être propulsée vers l'inconnu, le néant, aux prises avec un sentiment d'inéluctabilité étrangement familier. Si familier qu'il se mua rapidement en sensation de déjà-vu, comme si le destin lui faisait revivre une expérience si horrible qu'elle s'était acharnée à l'oublier. Une expérience de peur et de mort. Non, ce n'était là que les divagations de son esprit rongé de chagrin! Jezebel secoua la tête et cligna des yeux pour chasser cette idée stupide. Lorsqu'elle les rouvrit, le cercueil avait disparu. Elle resta un instant interdite.

— Non!

On venait de lui voler le dernier adieu à son père! Pourquoi l'avait-on expédié si rapidement? Se méprenant sur le cri de la jeune fille, Marion Arsac lui saisit la main. Mais Jezebel ne la sentit même pas. Médusée par la rapidité avec laquelle le cercueil avait été expédié, elle fixait désormais celui qui venait de prendre sa place sur la rampe de lancement, bien décidée à ne rien rater, cette fois-ci. En imaginant sa mère à l'intérieur, la jeune fille sentit à nouveau les larmes monter, mais elle ne fermerait pas les paupières, resterait stoïque malgré la brûlure de sa cornée et accompagnerait Hannah dans son ultime voyage. Un voyage qu'au fond d'elle, Jezebel avait la certitude d'avoir précipité. Les bribes de souvenirs qui s'étaient imposées à elle quelques instants auparavant resurgirent dans son esprit. Les cris. Le sang. Tout ce sang qui s'écoulait du nez de sa mère, ce n'était pas normal. Elle se remémora la panique de son père, son empressement à conduire sa femme aux urgences, son impuissance quand elle cria la douleur qui lui vrillait le crâne. La terreur dans leurs yeux, dans ce dernier regard qu'ils lui avaient lancé avant de refermer la porte sur elle et de prendre le volant de cette maudite voiture. Une terreur l'accusant d'être responsable du déclin de sa mere ... Non, elle se l'était forcément imaginé, ce n'était pas possible, ses parents ne pouvaient pas penser cela. Cependant, elle aussi le croyait. Au plus profond d'elle-même, elle avait toujours su qu'elle était mauvaise, convaincue d'être coupable d'un crime remontant plus loin que ses souvenirs ne le permettaient, et pourtant bien réel. La jeune fille n'avait jamais pu s'expliquer ce triste sentiment d'être capable du pire avec lequel elle avait grandi, sans jamais parvenir à s'en ouvrir à qui que ce soit.

La trappe venait de s'actionner une seconde fois sur les entrailles en fusion, un piston vint se caler contre le cercueil surmonté de quelques fleurs et l'expédia dans les flammes. Le volet métallique se referma aussitôt, Jezebel s'obligea à garder les paupières grandes ouvertes encore quelques secondes, comme pour imprimer définitivement l'image sur sa rétine, dans sa mémoire. Lorsqu'elle les referma, Marion crut l'entendre prononcer un mot qui lui serra définitivement le cœur ...

— Pardon.

CHAPTER 2

Jarod Nolan avait terminé plus tôt que prévu, son professeur d'anglais s'étant fait porter pâle, et n'avait pas jugé utile d'en avertir ses parents. Il s'était alors précipité dans le train de la ligne H, direction Paris, planche à la main. Quelques stations de métro supplémentaires et il était arrivé place de la République pour y rejoindre ses amis skaters.

— Salut mec, tu sèches tes cours particuliers?

— Salut Théo. Non, le prof a annulé.

— Je me disais aussi ...

Jarod avait beau jouer les caïds, Théo Gravel ne l'avait jamais vu manquer un seul cours. Les deux garçons avaient fréquenté les mêmes établissements depuis sept ans, et malgré les redoublements de Jarod qui les avaient séparés, ils étaient restés amis et prenaient plaisir à se retrouver autour de leur passion commune: le skateboard. La Ville de Paris avait profité de la récente réfection de la place de la République pour y installer des rampes.

— Ça s'annonce comment? demanda Jarod pour changer de sujet.

— Avec le beau temps, les gens sont de sortie. Ces cons-là n'ont pas compris que les curbs étaient pour le skate, pas pour leur cul ...

Ce n'était pas forcément le spot le plus simple à pratiquer, et la plupart du temps il leur fallait se contenter de faire du flat skating, mais l'endroit présentait l'avantage d'être au cœur de la ville, ce qui faisait sens pour un sport de rue.

— Comme d'hab, quoi. Au moins il n'y a pas de manif aujourd'hui.

— Ouais, c'est déjà ça.

Les garçons glissaient souvent sur fond de revendications salariales, d'événements en faveur des sans-papiers, de la cause animale ... Et finalement ils s'en accommodaient plutôt pas mal: ils avaient l'habitude de détourner l'environnement urbain pour leur sport, faisant d'une estrade une palette à wheeling, d'une borne à incendie un obstacle à sauter. Sans plus de formalité, Jarod et Théo grimpèrent sur leur planche. Jarod poussa un long soupir, le genre qu'on pousse à la première gorgée de bière un jour d'été. Ça lui faisait toujours ça, il avait alors le sentiment que rien ne pouvait l'atteindre, que rien de mal ne lui arriverait jamais tant qu'il glissait. Quelques coups énergiques sur le sol pour prendre de la vitesse, réapprivoiser sa monture, et déjà il défiait la gravité en longeant une paroi verticale, reprenait de l'élan, enchaînant ollies et grinds sur le curb ... Il sautait, virevoltait dans les airs, libre.

— Tu peux m'expliquer ce que tu fais là? s'écria un homme à deux mètres de lui.

Son père! Manquait plus que ça. Déstabilisé, Jarod trébucha au moment d'attraper une rampe, perdit l'équilibre, gesticula pour essayer de se rétablir, en vain. Il se réceptionna sur le coccyx et grimaça de douleur.

— J'avais pas anglais, aujourd'hui, dit-il en se relevant difficilement. Le prof est malade.

— Et alors?

— Et alors rien, j'ai eu envie de me défouler un peu, c'est tout.

— Te défouler. Tu ferais mieux de te défouler sur tes devoirs, vu tes résultats.

Guillaume Nolan avait prononcé ces derniers mots sur le ton de la plaisanterie, pourtant ses yeux interprétaient une tout autre partition.

— On ne comptait pas rester longtemps, monsieur, plaida Théo. Et on ne faisait rien de mal ...

— Je sais, mon gars, répondit l'homme avec un sourire compréhensif. Mais la mère de Jarod ne veut pas qu'il traîne. Et tu sais comment sont les femmes ...

L'homme adressa un clin d'œil à l'ami de son fils. Théo lâcha un petit rire complice, comme tous les amis de Jarod, il adorait son père et le lui enviait même un peu. Jarod soupira, c'était la même chose à chaque fois. Comme lui, Guillaume Nolan avait la capacité de séduire qui il voulait, même s'il demeurait une coquille vide, une personne aux antipodes de ce qu'il présentait en société. Son regard ne trompait pourtant pas, or qui était attentif à ce genre de détails?

— Allez viens, fils.

Quand son père tourna les talons, Jarod n'eut d'autre choix que de le suivre, en boitillant, à cause de la chute. Il adressa un regard désolé à son pote qui lui fit signe que ce n'était rien avant de repartir sur son skate.

Guillaume Nolan travaillait pour la mairie, et avait notamment chapeauté le nettoyage de la place de la République, quand il avait fallu effacer les tags post-attentats du monument principal. Il était chargé de surveiller l'endroit et cela lui permettait de vérifier que son fils n'y traînait pas avec ses amis. Ce qui n'arrangeait pas les affaires du garçon.

Sur le chemin du retour, son père ne lui adressa pas la parole, ne laissant à Jarod que peu de doutes sur la tournure que prendrait la fin de journée. Il y aurait un silence pesant lorsqu'ils arriveraient à la maison jusqu'à l'heure du dîner, sa mère servirait ensuite à manger sans desserrer les dents et lui lancerait des regards de chien battu durant tout le dîner, son père surjouerait la bonne humeur en leur faisant la morale à tous deux pour leur mine déconfite, puis il commencerait à évoquer la difficulté de son travail ou ferait une remarque sur la qualité du repas et alors tout basculerait en un instant. Sa mère protesterait, il y aurait des cris. Ce serait l'explosion. Tout entière dirigée vers Jarod. Les reproches fuseraient – Tu n'es qu'un bon à rien! Combien de fois devrai-je te dire que je ne veux pas que tu traînes dehors? T'es vraiment bouché, hein? Enfin pleuvraient les coups. Ce serait un déferlement avec tout ce qui lui tomberait sous la main, torchon vrillé pour humilier, planche à découper pour cogner, ceinture pour fouetter ... et si cela ne suffisait pas, il y aurait aussi des coups de poing, de pied. L'avantage de faire du skate-board, c'est que personne n'avait jamais imaginé que ses ecchymoses puissent être dues à autre chose que des chutes ...

(Continues…)



Excerpted from "Après Nous"
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